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autrice et développeuse

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Bilan d’une reconversion

TL;DR : Reconversion plusieurs années après, aucun regret. Dev, un bon job alimentaire quand on souhaite écrire ? Parallèles entre la programmation et l’écriture.

Il y a quelques années, suite à un enchaînements de burn-out, je décidais de quitter mon emploi et de tenter l’aventure de la Piscine de 42. Ce fut un mois incroyable, même si je ne reviendrai pas dessus.

La reconversion

Je ne vais pas mentir, la reconversion est un processus difficile et long. On peut se laisser convaincre par des bootcamps (souvent onéreux) qui promettent un emploi à l’issue de quelques semaines intensives, mais la plupart du temps, la transition n’est pas aussi rapide, encore moins linéaire.

Si j’avais choisi cette formation, c’est tout d’abord pour :

  • ses frais d’inscription, inexistants (l’école est totalement gratuite),
  • le manque de prérequis sur les diplômes (je n’ai pas de bac S),
  • les horaires à la carte permettant de travailler à côté, puisqu’il faut bien payer le loyer, et de surcroît assez appréciables pour les neuro-atypiques,
  • et le focus sur la pratique.

Bien sûr, l’absence de profs et de théorie qui font la spécificité du format peuvent se révéler infructueux pour ceux qui auraient besoin d’un encadrement et d’un suivi plus stricts. Dans ce cas, je conseillerais de bien se renseigner et de se tourner vers une formation plus adaptée. Cette école, comme toute école que ce soit la fac ou les cursus ingénieurs, marchera mieux pour certains que d’autres. Si 42 ne convient pas, il ne faut pas se forcer et ne surtout pas rester à tout prix, notamment en trichant ou en cédant à la facilité du copié-collé. Cela ne résultera qu’en une perte de temps.
En tout cas, pour ce qui est des reconversions, l’école fait, de mon point de vue (partagé par des amies de mon âge et dans la même situation), très bien le travail. À savoir garantir, en deux ans environ, un socle de compétences nécessaires pour l’obtention d’un emploi, tout en permettant d’avoir un job étudiant à côté.
(Bien évidemment que la théorie manque et que les cursus ingénieurs offrent un contenu beaucoup plus pointu en sciences. Si j’avais connu ces écoles à la sortie du lycée, j’aurais tenté. J’ai découvert l’existence de Polytechnique à 25 ans. Ne pas connaître, c’est déjà une porte de fermée.)

En conclusion, aucun regret. Je suis passé d’horaires infernaux, de burn-out à répétition, d’une paie misérable, sous prétexte que c’était un travail « de passionné », à un emploi stable, très bien rémunéré, et de 35h/semaine.
C’est également un job qui me passionne sans qu’il n’empiète sur ma vie pour autant.
Cependant, je ne pense pas qu’il faille être passionné pour être dev. C’est un discours faussement élitiste qui me semble être celui de privilégiés (et qui est parfois utilisé pour cibler les femmes car elles ne seraient, selon certains, pas assez intéressées par l’informatique). La plupart des gens ne sont pas passionnés par le métier qu’ils exercent et on peut être très compétent sans passion. Lorsqu’on se reconvertit, c’est souvent pour quitter un métier difficile et/ou mal rémunéré. Alors autant devenir dev avec la garantie d’un bon salaire (en tout cas en dev web, car c’est en moyenne moins en game dev) et d’avoir le cul posé sur une chaise toute la journée.

Écrire du code

Durant mon processus de reconversion, j’ai souvent entendu des arguments du style « le langage informatique est un langage et donc c’est comme une langue vivante », souvent assortis de « les maths ne servent à rien », afin d’attirer les profils littéraires. Je les trouve assez faux. La façon de penser mathématique donne un gros avantage (découvrir les concepts de fonctions, de variables et d’instances, m’a personnellement beaucoup aidé).
Ce mythe, j’aurais préféré qu’on ne me le serve pas durant ma reconversion, car c’était vraiment fait dans le but de me convaincre « en tant que femme » alors que, convaincue, je l’étais déjà (j’avais hésité à faire de l’info après le bac mais ce n’était pas conseillé si pas issu de la filière scientifique). Du coup, ce qui suit va être paradoxal.

J’ai trouvé des similarités entre écrire, activité littéraire et langagière donc, et développer. Elles se situent surtout au niveau du procédé.
Premièrement, il faut savoir clairement exposer sa pensée et être capable de la traduire par écrit. Visualiser l’exécution d’un programme et la concrétiser s’apparente (dans ma tête) à la conception d’un récit. J’ai en tout cas l’impression de gérer mentalement les deux de manière identique, à savoir les visualiser en 3D et s’y déplacer.
Ensuite, les différentes étapes de conception d’un programme sont assez similaires à mon procédé d’écriture :

  • La phase de recherches : Se documenter sur le futur programme suite à un cahier des charges / Le world-building
  • Clarification des idées et brouillon d’architecture : Pseudo-code / Structure, timeline, fiches persos…
  • Première version d’un code qui marche / Premier jet
  • Beaucoup d’itérations : Refacto / Réécriture
  • Produit final (même si on pourrait refacto et réécrire sans fin)

(Bon, grosse différence, on sait quel est l’objectif du programme avant de le commencer. Ou alors le manager ou le client le sait. Alors que quand on raconte une histoire, parvenir à savoir ce qu’on veut dire, comment le dire, est un objectif parfois laborieux.)

Cela va sans dire que chacun développe et écrit à sa manière. Ce ressenti est personnel.

Un job idéal

Par conséquent, c’est le métier parfait pour moi. Il m’aide à écrire. Depuis que j’arrive à concevoir de plus gros programmes, j’arrive à concevoir de plus longues histoires. J’ai beaucoup plus de temps pour pratiquer. J’ai gagné mes premiers concours (et bientôt une première publication).
Surprise, quand on a du temps, un travail agréable et de l’argent, donc plus de confort, une meilleure santé physique comme morale, eh bien on écrit plus et mieux.

L’enjeu du temps me fait penser à tous ces livres n’ayant jamais vu le jour à cause de la charge mentale, alors je me permets de lier :

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